T’ar ta gueule à la récré

La fessée, voilà le grand débat national qui fait rage en ce moment. Sujet tabou chez certaines blogueuses, d’autres n’ont pas honte de s’exprimer (et elles ont bien raison) comme Emma, des Mauvaises Mères qui assume avoir recours à, je cite, une « claque sur la cuisse » ou des rédactions qui s’engagent pour se faire le relais de la lutte contre les violences ordinaires comme le Salon de Parole de Mamans. J’ai longtemps réfléchi à ce sujet. A me taper la tête contre les murs (la mienne donc, pas celle de ma fille), prise entre le sentiment de « chacun fait fait fait fait ce qui lui plaît, plaît, plaît » et « l’éducation nationale doit s’inscrire comme conseillère » (euh pas dictatrice hein).

Mais où est la limite entre la simple gifle qui échappe à une maman fatiguée après une journée de boulot, 1 heure de bouchon et beaucoup de tensions, et la maltraitance, celle qui laisse une trace indélébile jusqu’à l’âge adulte ? J’ai l’impression que la limite est tellement ténue qu’il ne vaut mieux même pas mettre le doigt dans l’engrenage et retourner du revers de la main, celle-là même qui peut faire mal, et éluder le sujet…

Ou pas.

Je ne pense pas qu’on puisse éduquer avec des gifles humiliantes, des tapes sur les fesses, ou des claques sur les mains. Je n’arrive pas à penser autrement. Je respecte les parents qui adoptent ce genre de système éducatif, ils ont sûrement leurs raisons. Mais que ça me fait mal au cœur de voir ces petits bouts pleurer après une claque. Que va-t-il en retirer ? Comment tirer une leçon d’une sanction physique ? La loi du plus fort est toujours la meilleure ? Je suis ton père (ou ta mère) donc tu obéis ? C’est quoi la logique dans tout cela, surtout si ces actes sont systématiques ?

La claque est un défouloir pour adulte, comme l’évoque Emma dans son article. Beaucoup s’en servent pour se délester de leur colère qui naît du sentiment de ne pas contrôler leur petit d’homme, les mettant alors face à leur propre échec d’autorité parentale . J’en reste persuadée.

Mais, je vous vois, là, derrière l’écran : « Ouais, c’est facile à dire, t’as pas un monstre à la maison et ta Zouzou a à peine 17 mois ». Ouais, je sais, la critique est facile. N’empêche choisir une éducation non violente est bien plus difficile que de se laisser aller à régler des situations par les manières fortes. Et comme je préfère la difficulté, j’ai décidé depuis longtemps déjà de prendre ce chemin escarpé mais au bout duquel je pourrais me regarder en face dans un miroir. Je ne pense pas le regretter un jour (mais ça on ne sait jamais) et me dire « raaah putain, j’aurais dû lui en balancer des baffes dans sa gueule, elle aurait compris la vie et aurait mieux réussi ». Non. Je ne pense pas. Je ne pense pas non plus me dire un jour « je lui ai trop fait de bisous » (« moi je veux être un bisou, aimé par tous les bisounours…. »). La sécurité de l’enfant passe par la sécurité affective donnée par les parents, le foyer. C’est cette sécurité qui permettra à l’enfant d’être confiant pour s’ouvrir aux autres.

Sinon, en passant, que fait-on de la violence verbale éducative ? Celle qui sape la confiance de l’enfant sans laisser de trace ni de bleu sur les bras mais qui fait de gros bobo à l’âme ? N’oublions pas que les mots peuvent provoquer plus de maux (ouais elle est facile celle-là) que les gestes parfois : un « t’es qu’un bon à rien » seriné tous les jours, un « putain de gosse » que l’on glisse insidieusement ou encore des insultes qui fusent. Le respect de l’enfant, juste une priorité pour demain, pour faire une société qui se porte bien.

Voilà, c’était ma minute bisounours-peace-and-love-70’s revival.

Qui veut un câlin ??

4 réflexions sur « T’ar ta gueule à la récré »

  1. Sujet très délicat pour moi (t’es bisounours et moi j’suis émotionours). Complètement d’accord avec tes propos. Cela dit, pas évident lorsqu’on a soi-même été éduqué à coup de fessée et phrases insidieuses « sale gosse », « t’es trop nul » et j’en passe… (non, promis, je ne fais pas mon caliméro).
    Eduquer en confiance, sans violence physique ni verbale est pour moi une priorité, mais aussi un combat au quotidien, avec l’immense fatigue (2 puces qui ne font pas leurs nuits et dorment peu), les démons du passé (éducation reçue) et du présent (les gd-parents qui mettent la pression et qui mettent des fessées dans mon dos…).
    Cependant, on y arrive et comme toi, je peux me regarder dans le miroir sans honte, et pas un jour je n’ai le regret de ne pas mettre de fessées.

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  2. Claire, je ne pense pas que l’on prenne le chemin de la non violence par hasard. Cette démarche fait sans doute écho à notre propre expérience ou à ce que l’on a pu voir autour de nous.
    Mais alors les grands-parents qui s’en mêlent et se permettent de mettre des fessées, juste intolérable et triste :( Les grands-parents doivent respecter le système éducatif adoptés par les parents.
    Enfin là, en l’occurrence, c’est à eux qu’ils font aussi du tort : pas sûre que tes louloutes voudront y retourner quand elles seront plus grandes…
    Courage !

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  3. à mon avis on n’est pas près de s’occuper de la violence verbale et des petites phrases humiliantes, parce qu’elles touchent à l’éducation à la maison mais aussi à l’école et au monde du travail… il faudrait une remise en cause bien plus large de nos comportements individuels et collectifs et ça je n’y crois pas vraiment…
    sur la fessée, je comprends comme tu le dis le parent épuisé qui craque très très très occasionnellement… mais je crois que les enfants peuvent aussi le prendre comme un aveu de faiblesse et d’échec, et je ne suis pas sûre que ça aide sur le long terme…

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    1. Disons qu’une gifle exceptionnellement ça peut ne pas être dommageable… quoique. Cela peut aussi être une leçon positive pour l’enfant malgré un geste regrettable : l’adulte peut avoir tort et ce qui compte c’est le reconnaître.
      Effectivement, c’est une remise en question bien plus globale qu’à l’intérieur des foyers… Le chemin est long, mais sait-on jamais ;)

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