Ah si j’étais un homme…

Non, je ne serais pas capitaine. Je serais juste libre. Libre de faire ce que je veux quand je veux ou presque. Libre d’être ce que je suis tout simplement. Libre dans ma tête de ne pas avoir à penser tout ce qu’il faut prévoir dans une journée lorsque l’on a un enfant. Libre de mettre un tee-shirt et un jean 7 jours sur 7, 365 jours sur 365. Je serais libre de me laisser un peu aller, de prendre 5 kilos, libre d’avoir un bon coup de fourchette sans se prendre des réflexions, libre de ne pas se maquiller, se coiffer ou s’épiler, parce qu’on est beau au naturel, libre de ne pas faire le ménage ou le repassage parce que je n’ai pas été programmé pour.

Mon disque dur est plein. Du soir au matin, du matin au soir. Même la nuit j’arrive à me réveiller pour réfléchir.

Je sature, du quotidien. Ce quotidien que tu as quand tu bosses mais qui te fiche un peu la paix au travail, comme une sorte de récré (en moins bien c’est certain). Ce quotidien omniprésent quand t’es à la maison. Levé, douchage, levage de la Zouzou, couche, biberon, petit déjeuner à toi, rangement, habillage de la Zouzou, jeu, préparation du repas du midi, pour elle et pour moi, d’une pierre deux coups (même si que j’en ai plein ma claque des légumes jambon…). Puis c’est le moment de la sieste avec débarbouillage post-kiri-écrasé et lavage de dents entre quelques cris de protestations. Tout ça entre deux-trois crises, avec le sourire s’il vous plaît et la plus grande patience du monde que se doit d’avoir une maman.

Puis après je bosse, je mange, je range, puis la Zouzou se réveille. On change la couche, puis c’est le goûter. Je range, je vais la vaisselle, au choix j’étends la lessive ou je la plie.

Après, des fois, quand il n’est pas trop tard, on va se promener, enfin ! On respire !

Puis il y a aussi les à-côtés : que reste-t-il à manger dans le frigo, pour nous, pour Zouzou ? Côté lessives on en est où : les draps, les serviettes de bain, le linge de tout le monde. Et qu’est-ce qu’on fait à manger ce soir, demain midi. Et le budget on le dépasse pas ?

Et si on sort : j’ai pris de l’eau pour elle, des lingettes en cas de mangeage de sable, ou un pantalon de rechange si elle décide de faire un popo de la mort qui tue ou de se jeter inopinément dans le lac.

Ma tête est pleine de questions, du matin au soir, du soir au matin et c’est le lot de toutes les femmes, toutes les mamans. C’est nous qui gérons ces choses-là, ça se passe comme ça et la nature semble vouloir que ça ne se passe pas autrement. Les hommes oublient tout. Si on n’oublie la moitié des choses à cause de la fatigue, de la pression ou juste parce qu’on est humaine (comme en parle Isabelle Cantarero dans une de ses dernières notes très touchante), eux sont à mille lieux de soupçonner tout ce qui faut gérer.

Et moi ça me fatigue. Je ne suis pas faite pour ça. Personne ne l’est, pas plus un homme qu’une femme.

Ah oui, j’oubliais : à la fin de la journée, quand tout est calme et que tout le monde est couché sauf toi, ben faut penser à une petite dernière chose… Prendre la pilule. Car encore aujourd’hui, la contraception et la liberté de la femme de disposer de son corps comme elle l’entend, ce qui a été tellement revendiqué en 68, nous cantonne encore finalement à être seule dans la gestion quotidienne du contrôle de l’enfantement avec la pilule… et même le stérilet… Il nous reste encore beaucoup de chemin à nous les femmes, pour devenir l’égale de l’homme au niveau de la liberté d’agir.

Sans parler de la pression d’être une bonne mère. On en parle partout en ce moment et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Y a-t-il une once de pression sur le dos des papas ? Honnêtement ? Je n’en ai pas l’impression. Il n’ont même plus la pression de ramener l’argent à la maison puisque la femme travaille… Ou doit travailler parce qu’un salaire ne suffit pas. Et après on s’étonne que le ménage et les tâches quotidiennes sont les principaux sujets de discorde dans un couple. Moi ça ne m’étonne pas. Je suis sûre que c’est même l’un des sujets de divorce.

Et encore, je ne parle pas du travail : tu sais ce milieu où si t’es pas célibataire sans enfant, tu vaux la moitié de rien.  Ben oui, quand t’as des mioches, tu deviens débile et puis tu risques de t’absenter quand ils sont malades. Une femme maman n’a pas de motivation, c’est bien connu. C’est pour ça qu’on la paie moins.

En tout cas, à la vue de toutes les Mum’preneuses et des blogueuses mamans, je ne crois pas qu’on puisse dire qu’on se laisse aller. Et si la femme était juste l’employée de rêve de demain ? Peut-être que s’il y avait davantage de femmes entrepreneuses cela serait possible d’intégrer que, dans le marché du travail, une maman c’est un super bon élément parce qu’elle sait grave gérer. Encore faut-il que nous eussions le temps, entre les lessives et les couches, de monter notre entreprise.

16 réflexions sur « Ah si j’étais un homme… »

    1. Ben non, quand tu seras vieille faudra que tu sois une bonne grand-mère, faire des gâteaux, garder les petits enfants tout ça. o_O

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  1. Et quel quotidien qui ne s’arrête jamais c’est 24h/24h 7j/7j et quand on est en « vacances » quand on a un ou ds enfants ben ça en est pas ! à moins de les avoir laissés en garde chez des grands-parents, tonton ou tata … mais ça encore c’est …pas encore pour demain (pour ma part)
    Puis c’est vrai qu’il y a cette maudite organisation de toi,ton/tes enfants,de la maison, de la bouffe et j’en passe…
    Depuis qu’on a des enfants je m’endors quasi chaque soir en pensant à l’organisation du lendemain, tenue de la miss pour aller à l’école,du menu du midi , de ma tenue, des activités ou sortie à faire avec les enfant que je garde de mon organisation:préparation petit dej habillage coiffage brossage de dents avant que les enfants que je garde n’arrivent…
    Et, quand il y a sortie ( comme moi pour ce midi on a déjeuner en espagne) ça fais 20 min que tu cours partout pour penser à tout même au plus extrême histoire d’avoir tout sous la main et qu’au moment de partir ton Jules te demande tout sourire » tout est prêt pour Junior? » t’as qu’une envie c’est de lui dire « ben non t’as préparé quoi ? » ou encore , « à ton avis pourquoi je cours dans tous les sens depuis 20min ??? » mais pour pas vexer la sensibilité de monsieur et partir dans une ambiance détendue on reste tout sourire et on dit « oui oui t’inquiète tout est là ».
    J’en ai des valises pleines de petites anecdotes de ce genre, mais le must quand même c’est quand t’as le malheur d’avoir oublié une paire de chaussettes de secours, parce que junior a encore imbibé les siennes de bave à les essorer , et que ton cher amour te dis t’y a pas pensé bon ben tant pis alors il aura froid au pied … grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
    On les aimes plus que tout ! mais c’est clair que j’envie de temps en temps leurs désinvolture, de pouvoir déconnecter ou alors ne m’atteler qu’à une seule tâche à la fois parce que sinon ça le fait pas.

    Ah si j’étais un homme … :)

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  2. Et merde, moi je n’ai pas envie d’être un mec! Ce n’est pas que j’aime passer mes journées entre les lessives et le parc, non. mais je ne suis pas née avec une éponge dans la main, alors partage des tâches OBLIGATOIRE. Un truc pour ne pas oublier la pilule : un implant = zero règles, zero oublis, zero emmerdes.

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    1. Ah j’ai mis des années à trouver un pilule qui m’aille à peu près :S Je risquerais pas l’implant, trop de nana qui font un rejet mais effectivement, ça doit être plutôt pas mal !
      Quant au partage des tâches, c’est pas simple…

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  3. Comme je comprends… moi aussi j’aimerai être un homme des fois. Mais bon, seulement des fois hein. Ca serait tellement plus simple si tout le monde était des femmes… ou des hommes ?

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    1. Oui, seulement des fois. On a une chance inouïe de pouvoir porter et donner la vie… Mais à quel prix parfois. Après, relativisons : on est en France et je me dis que c’est une énorme chance d’être née femme dans ce pays.

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    1. Comment ça, tu n’aimerais pas être une femme ? L’égalité dans le couple tout en restant un vrai mec, mon Ours est pour, mais dans la pratique c’est pas simple. Il a déjà pas mal de responsabilités dans son travail et de choses à gérer, il fait ce qu’il peut aussi :S
      Tu y arrives vraiment ?

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  4. Super article, tout avait d’accord avec tout. Moi je dis fuck a la pilule. Pas de raison que je me bouffe des hormones en continue depuis plus de 10 ans, hormones qui tuent ma libido et me donnent mal a la tete. Alors on se débrouille a 2 !

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    1. Ah je dirais bien fuck à la pilule aussi mais bon… je trouve ça risqué… Et effectivement, même si c’est microdosé, la prendre me pose problème. Une question à étudier…

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  5. Je me suis reconnue dans tout ce que tu dis ! Je le relance régulièrement parce que j’en ai ma claque de le voir s’affaler sur le canapé et brancher la PS3 en rentrant du boulot alors que j’ai pas arrêté de la journée et qu’il reste encore des tonnes de trucs à faire !
    D’ailleurs tu m’as bien fait rire pour les réveils nocturnes, il m’arrive la même chose. Dernièrement, j’ai rêvé que j’étais chez le coiffeur, ma fille près de moi assise dans le caddy du supermarché et la coiffeuse est venue me chercher pour que je récupère mon linge dans sa nouvelle machine qui repasse en même temps. Au réveil, j’avais le programme de la journée: faire les courses, prendre rdv chez le coiffeur, lancer une machine de linge et faire le repassage…

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    1. Mon Ours m’aide, pas assez à mon goût, mais il m’aide… Ah ces hommes… Si un jour j’ai un garçon, il aura l’habitude de tout faire, promis !!

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  6. Les jours où il fait bien chaud, pensez à mes collègues hommes qui sont en pantalon – chemise – cravate – chaussures fermées (et veste si réunion importante), alors que mes collègues femmes et moi même sommes en jupe ou pantacourt, manches courtes, ballerines ou même parfois les orteils à l’air…
    c’est un peu le seul avantage d’être une femme, mais en cette saison il faut profiter ;)

    bon sinon, il y a un autre avantage, plutôt pour l’hiver celui-là, c’est que le rhume n’est pas mortel pour les femmes, alors qu’il l’est pour les hommes. ce qui explique que nous ne sommes pas agonisantes à la moindre goutte au nez.

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    1. Ahhh aahhh ahh : plaie d’argent n’est pas mortelle… sauf pour les hommes. T’as oublié aussi qu’on ne meurt pas après s’être coupé avec une enveloppe ;)

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