Je suis amoureuse de ma fille

Il y a peu, je me suis rendue compte d’une chose, d’une chose aussi belle qu’angoissante : j’aime vraiment ma fille, je veux dire, je l’aime fort, dans mes tripes, dans ma gorge, dans mon cœur. Je l’aime à en crever. Non pas que je l’aimais pas avant, juste que je le ressentais de manière plus pondérée. Là, je me rends compte de certaines choses, comme le fait que dans un mois on commence l’adaptation en crèche et que la prochaine étape ça sera l’école. Et là, je ne profiterais plus pleinement d’elle, enfin seulement 3 jours entiers dans la semaine. Et ça, ça me rend triste.

C’est clair qu’on ne fait pas les enfants pour soi. Je l’ai toujours su et je l’ai toujours dit. Le but : leur donner les clefs pour qu’ils volent de leurs propres ailes. Je mets un point d’honneur à la sociabiliser et ça tombe bien parce qu’elle est avide de connaître les autres. Elle s’intéresse à tout être vivant : gens, fleurs, animaux. Tout !

Jusqu’à présent je ne me suis jamais sentie comme une maman très étouffante : je la laisse grandir avec son indépendance.

Mais depuis qu’elle parle, elle est collée à moi. C’est tout nouveau. Et ça me plaît.

Cela ressemble un peu au sentiment amoureux que l’on a au début d’une relation. Exaltant, dévorant. Je pourrais la bouffer d’amour.

J’ai fait des cauchemars dernièrement : j’ai rêvé que je la laissais à garder et qu’on la perdait. Le chagrin était tel dans mon rêve que j’en étouffais littéralement. La douleur était intense, impossible à supporter.

Clairement : cet amour pour ma fille me faire peur. Car aimer, c’est aussi prendre le risque de perdre, de la perdre. La vie est ainsi faite que l’on ne sait pas de quoi le lendemain est fait.

Je sais qu’il n’y a pas à avoir peur de tout ça : pourquoi un tel drame m’arriverait à moi ? C’est sans doute ce que se disaient mon oncle et ma tante qui ont perdu leur enfant d’une tumeur au cerveau à l’âge de 6 ans. Une perte dont ils ne se sont jamais remis, jamais. Ils sont partis avec leur enfant. Mais ils ont décidé de continuer à (sur)vivre.

Peut-on trop aimer son enfant ? Moi je pense que oui. Quand la vie du parent dépend presque de l’amour que lui porte l’enfant, l’amour se transforme en prison. « Aime-moi ou je meurs ». Je l’ai vécu. Et je ferais en sorte de ne pas faire la même chose.

Être parents soulève vraiment une foultitude d’émotions plus complexes les unes que les autres. Doute, amour donc, colère parfois : que fait-on de tout cela ? Il y a bien des livres qui nous apprennent ce qu’il faut faire et ne pas faire avec nos enfants. Mais qu’en est-il de notre parentalité ? Du fait d’être parent ? De ce que cela suscite chez un être humain ?

Filliozat dans « Au cœur des émotions de l’enfant » effleure la question de « guérir sa propre enfance ».

Et je me disais que ça on en parlait trop peu dans les livres d’éducation sur les enfants. Tellement peu… Cela aiderait les parents en difficulté, comme je les nomme. Il n’y a pas de mauvais parents, il y a seulement des enfants qui ont été mal aimés ou malmenés et qui n’ont pas pu guérir leurs blessures.

Pour moi, le meilleur moyen d’être un bon parent, c’est de faire la paix avec les émotions du passé. Pas facile hein. Mais pas impossible.

Ceci est ma contribution aux Vendredis Intellos de Mme Déjantée.

20 réflexions sur « Je suis amoureuse de ma fille »

  1. Ton billet me parle vraiment. Pour tout te dire, je crois que j’aurai pu l’écrire, hormis l’épisode de ton oncle et de ta tante.
    Aime son enfant plus qu’on ne s’aime soit même, tout en lui laissant la liberté de vivre pour lui. Faire la paix avec sa propre enfance pour en offrir une belle à son petit. LE challenge de tous les parents.

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    1. Le challenge de tous les parents quand on en prend conscience… Ce qui me fait de la peine : quand on juge les parents alors qu’on ne connaît pas leur propre histoire. On ne peut pas tout excuser, mais on manque souvent de compassion.
      Etre parent, rien n’est plus commun et pourtant rien n’est plus bouleversant.

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  2. Merci beaucoup de ta contribution!! L’amour maternel et la question du respect des émotions de l’enfant semble être un de thèmes majeurs de ce Vendredi Intello… et ce n’est pas pour rien!!!
    J’aurais beaucoup aimé que tu nous mettes un petit extrait de l’ouvrage dont tu parles :p… la prochaine fois j’espère!!!
    A ce soir pour le débriefing!!!

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    1. « Une seule voie pour écouter vraiment son enfant : guérir sa propre enfance. Pour nous libérer du passé, nous avons nous aussi besoin de lâcher nos émotions. (…) Les blessures infligées sont restées marquées parce que nous n’avons pas pu les pleurer. (…) Nous avons enfoui nos tensions. Elles ressortent aujourd’hui face à nos enfants. (…) quand vous aurez pleuré avec compassion sur l’enfant en vous, vous pourrez écouter votre enfant dans sa vérité. » p.129-130
      Effectivement, j’avais omis de mettre un extrait ;) C’est chose faite :)
      Merci à toi pour cette bonne idée :)
      Peut-être peux-tu insuffler un thème les prochaines fois ;)

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  3. Avant que le monstre arrive on m’avait dit « tu verra le sentiment d’amour que tu éprouves dés la seconde où on le pose sur toi », et quel amour, et tu a raison plus bébé grandit et plus on se rend compte combien ils ont « besoin » de nous, de nos calins, nos bisous, notre présence et que c’est bon…
    J’aime mon bébé si fort que je pourrais pleurer d’amour,je voudrais le manger tout le temps, et quand il dort j’ai hâte qu’il se reveille pour le bizouiller :-)

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    1. Rooh, t’es une maman gaga toi ;)
      Après, pour ce qui est d’aimer son enfant dès la première seconde, dès qu’on le pose sur soi, pour les futures mamans qui passent ici, ce n’est pas toujours le cas. On a envie de protéger cet enfant, de le toucher mais le sentiment d’amour vient progressivement parfois ;)

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  4. Farpaitement. Je me retrouve également dans ton billet, et comme tu le dis, on aime immodérément. C’est pour ça que c’est toujours dangereux pour autrui de s’attaquer à une mère, quelle qu’elle soit.
    Merci pour ce beau billet :)

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  5. Bonjour, j’aime ce que vous avez écrit car je me reconnais fortement, j’aime ma fille d’un amour SI fort, que parfois ca me fait peur.. peur de la perdre.. Elle a 4 ans , c’est ma merveille , je pense à elle tout le temps c’est mon énergie, tout, à sa naissance, la sage femme me la posé sur moi, ça a été le coup de foudre, et aujourd’hui mon amour pour elle grandit chaque jour, je suis si fière d’elle. Merci pour cet écrit, et votre sincérité.

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  6. Comme je me reconnais dans tous ces témoignages d amour…
    J aime tant mes enfants que j en veux souvent au temps qui passe si vite…et les éloignent de moi! Tous les moments que je ne passent pas prés d eux, surtout quand ils sont tous petits et nous collent aux bask, me donnent l impression de louper quelque chose.
    Je connais aussi cette peur panique de les perdrent, qu il leur arrive malheur, j en crèverais!
    Je pense que nos enfants ont beaucoup de chance d avoir des mamans qui les aiment Autant, car à côté de ça, il y a tant de petits malheureux…

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  7. Et beh dites donc..Sa fait plaisir de vous lire.Un site rempli d’amour.
    Moi aussi je suis folle de ma babou et c’est trop beau, mais sa m’fais peur aussi parfois,car je sais que je dois la laisser vivre et l’écouter, donc savoir me taire et l’observer et garder mes souffrances s’il le faut , mais jamais oublier que c’est une personne unique à part entière et que j’ai une chance qui n’en fini jamais de pouvoir l’accompagner dans la vie, cette petite Babou d’amour.

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  8. Oh Ca rassure tous ces beaux messages. Je ne pensais pas que je serai un jour une maman Gaga mais voilà, il y à 2 mois, j’ai mis au monde ma merveille et voilà je suis devenue une Boule d amour pour elle. Et j’avoue avoir déjà versé des larmes d’amour rien qu’en me disant que c’est ma fille, qu’aujourd’hui elle a un besoin vital de moi et que je l’aimerai pour toujours.
    Elle va grandir, peut être préférer son papa, peut être me dire de la laisser tranquille, de ne pas l’étouffer, ect… Je devrai la laisser grandir, etre libre et explorer le monde. Mais je ne cesserai de l’aimer. J’ai demandé à mon mari si ce n’était pas dangeureux d’en avoir un 2eme. J’ai tellement peur de ne pas pouvoir donner autant d’amour que ce que je donne à ma fille… Mais bon c’est tellement enivrant que j’en reprendrai bien un coup.
    Amoureusement votre,

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  9. Pour ma part, j’ai mis au monde mon petit trésor, mon petit bijou, ma petite merveille il y a 3 mois et demi.
    L’amour que je lui porte n’a pas de limite. Quand je la regarde, je vois des papillons volés, mon coeur s’affole et mes yeux scintillent comme pour un premier amour.
    Nous dormons ensemble. Nous passons beaucoup de temps ensemble et lorsque je dois la quitter (pour vaquer à d’autres activités), j’ai vite hâte de la revoir, d’être auprès d’elle.
    Mais ce qui m’effraie, c’est de la perdre, ou de la voir malheureuse. ¨Perdre dans le sens qu’il lui arrive quelques malheurs. Puisque, je sais déjà, qu’un jour elle prendra son envol pour se rapprocher d’une autre vie; la sienne, qui je le souhaite de tout mon coeur, sera merveilleuse, sans tracas.
    Je l’aime. Elle est ma priorité.
    J’ai aussi peur de cette relation fusionnelle. En fait, j’ai rencontré des adultes qui était fusionnels avec leur mère. Je me souviens l’une d’entre elles me dire « Si ma mère meurt, je partirai avec elle ». Je ne veux pas qu’à mon départ (qui je l’espère arrivera avant elle), qu’elle soufre de mon absence. Alors, je voudrais lui donner un frère ou une soeur… pour équilibrer cet amour… et pour m’assurer qu elle ne sera jamais seule.

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  10. Bonjour à tous,
    Moi aussi je suis dingue de mon petit, une vrai louve, quand j’imagine le pire, j’ai l’impression que je vais crever. Je l’aime si violemment qu’il m’est devenu très difficile de comprendre comment des parents peuvent ne pas aimer leurs gosses, c’est tellement viscéral, j’ai envie de le bouffer. Et plus il grandit plus je l’aime et je m’émerveille de tout ses progrès, je le trouve formidable, adorable, bref parfait, c’est le bonheur. Je ne serai plus jamais tranquille, tellement terrifiée à l’idée qu’il puisse lui arriver un malheur, mon seul voeu aujourd’hui: ne pas survivre à mon enfant, tout mais pas ça, jamais. Vivons à fond ces merveilleux moments qui donne un sens incroyable à nos vies. Quelle aventure!

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