De la difficulté d’être mère

Moi, toutes les mères, je les admire.
Je regarde toujours à deux fois leur pull pour savoir si elles auraient pas reçu la légion d’honneur.
Non, parce qu’il y a des fois, être mère, c’est comme aller au front, la fleur au fusil… et le vague à l’âme.
On le sait, toutes, on se regarde, l’air de dire « ouais, je sais, moi aussi. »

Ce soir, je suis à bout.
De force.
De ressource.
D’amour.

Des journées comme aujourd’hui sont heureusement rares.
Des journées en tête à tête avec ma Zouzou, j’adore pourtant, par-dessus tout. J’essaie de trouver mille et une choses pour pas qu’elle s’ennuie.
Au programme du jour : square, balançoire, oui puis non, puis oui, toboggan, le « je saute 845 fois du petit pont de bois », des « tu donnes la main » alors qu’elle me la lâche 253 fois alors qu’on traverse la route, des repas où j’essaie de ne pas m’énerver malgré les tapes répétées ou les assiettes presque balancée à terre, des débuts de sieste difficiles où elle crie qu’elle ne veut pas dormir alors qu’elle a baillé 27 fois en 10 minutes… Des « nonnn », quand j’essaie de lui faire des câlins… ou même des bisous.

Le tout entrecoupé de petites attentions, parce que je l’aime fort ma Zouzou, plus fort que tout.
Des biscuits qu’elle adore au goûter, sa compote préférée, et un tour à la bibliothèque misérable de ma petite ville.
Des efforts pour la rendre heureuse, à prendre sur soi, même quand on ne va pas bien, qu’on est fatiguée, qu’on ne sait plus où on en est dans sa vie.
Des efforts parce que ce qui compte, c’est elle, juste elle et son enfance.

Et elle, elle le sent, elle le sait tout ça.
Sans même que je dise un mot.
J’essaie de le cacher, de faire comme si rien n’était.

Alors, le soir, elle crie, fort. Très fort.
Elle me réclame.
Elle s’énerve.

Et je puise en moi les dernières ressources pour la calmer, la cajoler, la câliner, la consoler, lui chanter quelques berceuses et remettre pour la 98e fois la couverture sur ses pieds.

Être maman, c’est aussi ça : se retrouver face à soi-même, ses propres limites en tant qu’être humain, en tant que mère qui fait comme elle peut avec ce qu’elle a, avec sa propre enfance, cahin-caha.
C’est dire lâchement à sa fille : « Je fais comme je peux, même si c’est pas toujours bien. »
Mais aussi : « Ne t’énerve pas, cela ne sert à rien, ne fais pas comme ta mère. »

Être mère, c’est voir la vie en rose, mais des fois teintée de gris.
C’est se voir à nu, comme on n’est, pas toujours très belle et aussi patiente que l’on voudrait.

Être mère, c’est parfois avoir envie d’autres choses : d’insouciance, de semaine sans contrainte, de journée sans horaires, de soirée en amoureux ou de sortie sans avoir l’œil rivé sur sa montre.
Se sentir absorbée, avalée toute entière par son enfant, vampirisée, vidée de sa dernière goutte de sang.

Des fois, c’est un peu ce que je pense de moi en tant que maman…

12 réflexions sur « De la difficulté d’être mère »

  1. Il y a des jours où j’ai les nerfs qui lâchent, je suis très à fleur de peau et c’est ma puce qui trinque… Et chaque fois que ça arrive je m’en veux terriblement, parce qu’elle n’y est pour rien, vraiment pour rien.. L’autre jour j’ai fondu en larme, et c’est elle qui est venue me consoler, j’avais été odieuse et je ne le méritais pas, vraiment pas. J’ai toujours peur qu’elle m’en veuille…

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  2. Un texte très juste, qui me rassure en temps que maman, juste le jour où rien ne va non plus chez moi… Alors merci !

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  3. Tu décris parfaitement là ou j’en suis ce soir à bout et étrangement c’est pas les miens qui ce soir m’ont épuisée quoi qu’il en soi le résultat est le même je suis claquée !
    Oui comme tu dis on devrait avoir un prix quand on est mère pas seulement la trace du dernier nez essuyé au passage d’un câlin mais un vrai prix !
    Ou l’on reconnaitrait enfin que oui être mère c’est épuisant ! Y a pas plus beau, plus fantastique, mais que y a des moments ou on est à bout … et faut puiser dans les ressources pour tenir jusqu’à ce qu’ils sombrent enfin, que le repas soit avalé le tout plus ou moins rangé et qu’on puisse aspirer à un moment de calme !

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  4. « Des efforts pour la rendre heureuse, à prendre sur soi, même quand on ne va pas bien, qu’on est fatiguée, qu’on ne sait plus où on en est dans sa vie.
    Des efforts parce que ce qui compte, c’est elle, juste elle et son enfance. »….

    oui c’est exactement ça..on a tellement envie que leur enfance soit parfaite….qu’ils se rappellent de cette période avec bonheur….. oui on tente de tout faire au mieux ….être maman c’est ça je crois….toujours faire de son mieux…pour que nos petits lutins ne gardent que le meilleur de nous.;

    cet article résume bien la situation pour , je pense , la plupart d’entre nous…en tout cas la plupart des mamans qui se soucient du bien être de leur enfant..et en ces temps de barbarie je crois que c’est ce qui compte finalement…le bonheur de nos enfants..

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  5. c’est fou c’est exactement ce que j’aurais pu écrire aujourd’hui mais en pire!! ton texte est très beau… et constructif, c’est pour ça je n’ai pu écrire le mine on aurait juste senti l’énervement lol allez les jours ne se ressemblent pas même s’ils se suivent… courage!

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  6. Je crois qu’on se reconnait toutes dans tes quelques mots. Même s’il y a des jours difficiles, il faut tenir pour les bons moments… et de toute façon, on n’a pas le choix ;)

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  7. Pour moi pareil ! Mes enfants, je les aime d’amour, mais ils me vident de toutes mesforces parfois ! Tu sais quoi, pour l’avoir fait, prends de temps en temps une semaine rien que pour toi, tu verras çà te fera du bien, et les retrouvailles sont si délicieuses après ! Bises ♥

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