Les mères épuisées… un sujet que je connais

Hier soir, comme beaucoup de femmes, j’ai regardé Zone Interdite sur les mères épuisées.
Je voulais savoir comment ils allaient en parler.
J’ai d’abord été choquée par l’extrémité des cas présentés. Pourtant c’est la réalité.
Une jeune femme, bien sous tout rapport qui sombre dans la dépression.
Un mari qui élève seul ses deux enfants de 5 ans et 3 ans… le dernier étant handicapé : sa mère, sur un coup de folie, l’a jeté à terre alors qu’il n’avait que 6 semaines, le laissant handicapé à vie.
Une autre femme qui ne se sent pas mère, anorexique…
Puis cette femme aux Etats-Unis, qui a tué ses trois enfants en les droguant avec des somnifères puis en les étouffant.
Étouffer ses enfants, mettre fin à ses jours pour que « tout » s’arrête, cette vie de mère qu’elle ne peut plus supporter, cette vie qu’elle n’arrive plus à mener.

Puis, je me suis dit qu’effectivement, ces cas extrêmes devaient être montrés. Pas trop diabolisés.
Un documentaire pas assez étayé à mon goût, mais sûrement salvateur pour bien des femmes, pour la société même.
Un documentaire où j’ai ressenti la violence de la douleur d’une mère séparée de son enfant, malgré les gestes ou les pensées dangereuses qu’elle a pu avoir.
La tristesse de voir ces enfants victimes… Alors qu’ils n’ont rien demandé.

Les premières à délier les langues ont été Stéphanie Allenou, maman de trois enfants qui a littéralement pété les plombs, et Sophie Marinopoulos, spécialiste de la question de l’infanticide (elle a écrit « Infanticides et néonaticides » et « La vie ordinaire d’une mère meurtrière »). Et justement, elles étaient invitées sur le plateau de l’émission après le reportage.

Beaucoup de blogueuses en ont parlé dans leurs billets du jour, et tant mieux. Chacune a son avis, chacune a sa lecture de l’émission et de la question. Le principal : c’est d’en parler.

Parce que le pétage de plomb, il peut nous toucher toutes. Personne n’est à l’abri.
Pourquoi cela arrive ?
Comment le prévenir ?

Je pense sincèrement que les chemins sont divers pour arriver à de tels extrémités. Mais ce qui est sûr c’est que l’isolement est un indice à ne pas prendre à la légère et la fatigue récurrente.
Fatigue physique, morale, surcharge de travail à la maison, manque de reconnaissance de son rôle de mère, manque de soutien par le conjoint ou la famille, pression sociale pour être une mère parfaite, pression personnelle pour mieux réussir que sa mère, ou assumer de front travail et vie personnelle.
Ce sujet de mère épuisée, je l’ai déjà évoquée ici. Au moment de la rentrée, moment à mon sens critique pour les mamans.
Ce sujet, il me touche particulièrement.

Parce que je pense que ma mère était une mère épuisée. Voilà ce que m’a fait réaliser cette émission.
Isolée, sans travail, peu de relations sociales, pas de sortie avec son mari, aucune aide de sa belle-mère, pire : du rejet. Ma mère a fait comme elle a pu. Pour survivre à la maternité.
Elle n’a pas été aidé, c’est rien de le dire.
Elle ne devait pas flancher.
Elle faisait tout dans la maison. Le manger, les courses, s’occuper de nous.
Mon père était peu là.
Elle aurait pu reprendre le travail. Mais il ne voulait pas.
Elle s’est consacrée corps et âme à sa vie de famille.
S’enfonçant doucement dans une dépression.
Longue.
Douloureuse.
Ma mère, elle était dépassée. Comme ses mots dépassaient sa pensée, ses gestes dépassaient l’entendement.
Elle nous disait parfois sa souffrance de ne pas avoir de merci. Que ça soit normal tout ce qu’elle fait.
Elle nous disait qu’elle n’était rien dans sa maison.
Elle nous criait son manque d’estime d’elle.
Pourtant, de l’extérieur, tout paraissait bien.
Elle donnait le change : sourire en façade, tirée à quatre épingles…
A mon grand désarroi…
Derrière tout ça le désarroi, d’une autre petite fille, elle, ma mère, mal aimée, aimée comme ses parents ont pu.
Parce que derrière une mère épuisée, il y a toujours des blessures, des ratés.
Je ne dis pas ça pour excuser, juste pour dire qu’à nous aussi cela peut nous arriver.

Aujourd’hui, il faut que je sois vigilante.
Moi, la fragile.
A ne pas faire comme elle.
A ne pas se terrer dans le silence.
Dans la souffrance.

Alors j’écris, je dis à qui veut bien l’entendre, ou le lire, qu’être mère, c’est la chose la plus incroyable qui soit sur Terre, mais c’est sans doute aussi la plus difficile, celle qui nous fait côtoyer nos vieux démons… pour finalement nous aider à les surmonter.

Pour avoir des informations sur les mères épuisées (ouvrages, association d’aide), c’est par.

Le site de Maman Blues, site de soutien, d’écoute et de conseil.

Et pour lire d’autres billets sur cette émission et les mères épuisées :
– Chez Miss Brownie : Tu n’as jamais eu des idées comme ça. Rassure-moi ?
– Chez Baby Pop : Mères au bord de la crise de nerf. Vraiment ?
– Chez LMO : Maman au bord du gouffre…
– Chez Maman Doudou : Souffrir d’être mère… instinct maternel entre mythe et réalité
– Maman Travaille : Zone Interdite, lecture du livre Mère épuisée de Stéphanie Allenou

19 réflexions sur « Les mères épuisées… un sujet que je connais »

  1. moi, ce que j’en ai retenu de tout cela, c’est ce qu’a dit la psy : Etre mère ce n’est pas innée, on peut très bien ne jamais avoir de déclic, ne jamais se sentir mère…

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    1. Oui, tout à fait et cela ne devrait plus être un tabou. Et surtout, qu’on arrête les remarques qui culpabilisent les jeunes mères. Le « suivez votre instinct maternel »… y’a pas pire en fait…
      Et ne pas se sentir mère mais quand même aimer cet enfant, qui est apparemment le nôtre… Un sujet tellement complexe être mère…

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  2. Je n’ai pas regardé l’émission en entier, j’ai surtout regarder l’intervention à la fin de la psy et de Stéphanie ALLENOU. Je me suis revue il y a encore quelques mois, à crier pour un rien, à en avoir marre, à être tout le temps fatiguée, avoir envie de rien. Etre mère c’est difficile, ce n’est pas inné je suis bien d’accord.
    C’est merveilleux par contre, ça c’est clair, et ça l’est surtout quand tu en plus tu es aidée, que tu as un mari qui t’aide bien, que tes parents sont pas trop loin et peuvent servir de nounou dès que tu as besoin de t’aérer l’esprit et de penser à toi en tant que femme et pas que en tant que maman.
    C’était très intéressant, et je suis ravie que ce sujet soit de plus en plus évoqué. A l’accouchement, ce qui m’a le plus manqué c’est de parler de ce chamboulement, que quelqu’un me dise que c’est normal de se poser pleins de questions, de se dire qu’on est pas sûre d’y arriver… Il a fallu qu’une puéricultrice à la maternité prenne le temps de m’couter pour que je me sente suffisamment forte pour rentrer avec bébé chez moi, qu’une amie m’écoute avec compassion pour que passe mon baby blues.

    A quand des psy qui passe en mater voir toutes les jeunes mamans pour les écouter et leur permettre de formuler leurs inquiétudes?

    PS : Kiki, je commente jamais ton blog, je le lis de temps en temps quand je peux, mais vu l’émission et le sujet d’hier, j’ai eu le réflexe de venir ici pour avoir ton ressenti et ton avis… entre mamans on se comprend ;-)

    Sinon, la team Bordeaux/Léognan says hi!

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    1. Merci de ce commentaire Sandrina :) Merci :) Comme tu dis : à quand des psys qui passent à la mater durant le séjour ? A quand une vraie écoute des femmes qui sont là pour nous aider les premiers jours ?
      Un long chemin pour devenir mère, plus facile quand il est semé de bonnes personnes pour aider, écouter, entourer ou juste rassurer.
      Je me rappelle t’avoir appelé, démunie, et combien tu m’as aidée :) J’ai dû ravaler ma fierté pour appeler, mais je savais que toi, tu ne jugerais pas et surtout tu savais par quoi je passais.
      La team de Soustons vous envoie des grooooos bisous. Et j’espère que tout va bien pour vous :)

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  3. Tu sais, ma mère travaillait et je l’ai tellement vu épuisée, parfois à bout de nerfs que je m’étais toujours dit que je ne voulais pas être comme elle (et c’est une raison pour laquelle être instit ne m’intéresse absolument pas!)
    En tout cas je l’admire d’avoir supporté tout ça, parce que je me plains de TiBiscuit mais dans mon genre, j’étais pas mal non plus comme tyran.
    Pas d’aide et des enfants rapprochés c’est vraiment épuisant. Quand on ne peut jamais souffler, on craque à un moment ou à un autre.

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  4. Comme j’aime ton billet !!! Je m’y retrouve, car je suis isolée, sans vraiment de contact social à part FB, des fofos… des contacts virtuels quoi… Et en hiver, j’en ai chié sa race. J’ai été moins patiente vis à vis de Babycolle, j’ai eu des moments de fatigue intense, où j’ai faillit la secouer un bon coup……… Et j’ai pleuré, tellement de fois…

    Être mère, j’adore, mais je ne pensais pas que c’était si épuisant.

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  5. Ton message m’a beaucoup plu. Je n’ai pas vu cette émission mais je trouve que tu décries bien la situation et c’est vrai que ça fait du bien d’en parler. Au moins, on voit qu’on est pas seules dans le cas et ça c’est déjà pas mal…:-)

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  6. Tu sais ce que j’en pense, je reconnais ce que tu décris, j’ai été épuisée aussi, à ne pas en voir le bout. Mais j’ose affirmer que jamais je j’aurai fait de mal à mon enfant. Et dans cette émission, on a l’impression que tout peut arriver à n’importe qui…

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    1. Et si ton chéri avait été moins là ? Et si ta BBP avait été en néonat ? Et si t’avais fait une dépression post-partum ? Et si tu avais perdu un être cher dans ta famille te plongeant dans une dépression ? Je sais pas… je me dis qu’on ne peut pas présumer de ce genre de choses, que l’on peut devenir fragile… que l’on ne connaît pas nos faiblesses tant qu’on ne vit pas une situation extrême… Mais je comprends que l’émission ait fait des raccourcis bien maladroits. La fatigue et l’isolement ne sont pas les seuls facteurs qui font passer à l’acte, heureusement.

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  7. Merci pour ce bon billet. En tant que femme, et en tant que maman qui a fait des choix plutôt « entiers » en matière de vie familiale, je n’ai pas aimé le livre de Stéphanie Allénou, bien que je m’y sois retrouvée pour bonne partie. Mais elle n’a finalement rien réglé, juste mis de la distance avec ses enfants. Je veux continuer à croire qu’il existe d’autres moyens de vivre en harmonie au quotidien avec nos enfants, leurs besoins et leurs exigences, et se sentir un être humain pensant et conscient quand même.
    Le pétage de plomb… je connais. Ce n’est pas forcément dû au nombre d’enfants, ni au statut « mère au foyer ». Lorsque je travaillais et que j’avais 2, puis 3 enfants, j’étais beaucoup plus sur le fil du rasoir qu’aujourd’hui. Mais l’isolement social et affectif, le manque d’amies, de soutien (en dehors de l’Homme Chéri), ça oui, c’est trrrèèss difficile. Les hivers à en « chier ma race », j’en ai eus, et je sais que malheureusement, il y en aura d’autres.
    Aujourd’hui, je suis contente de pouvoir lire tous ces blogs qui font circuler une nouvelle manière d’être mère, aujourd’hui. On se sent moins seules, et plus patientes, aussi.

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  8. Il me vient , suite à cette mission ( bon lapsus du é de l ‘ ordi ) , suite à cette émission que je viens de voir sur chérie 25 ( pardon du retard) ,
    1°)- l ‘ envie de créer un home de repos et partage de mamans en besoin de échanges – écoute et compassion — beauté etc …. recharger les batteries ….
    2°) – exiger des pouvoirs publics , créant une asso s’il le faut , par département , la création d’ une équipe spécialisée , volante ( à la demande ) dans au moins chaque département pouvant participer à recréer du lien social entre les mamans
    Enfin , ça doit pouvoir se réfléchir en groupe et se travailler ensemble .
    Je suis grand – mère de 7 petits enfants et il y a une vraie demande , ce qui m ‘ interpelle , c’ est surtout les plaintes quand à la solitude des jeunes femmes ….
    Autre fait , je reconnais là des symptômes que j’ ai vécu en mon temps (3 enfants ,travail épuisant psychiquement ( que des chomeurs ), l’ abandon du père en mêm temps ( tombé amoureux zailleurs (comme d’ hab dans ces cas là ; refus du 3 ème et par la belle mère , qui était la vraie femme de ce foyer ……..
    bref ,, bonne expérience …je m’ en suis sortie …. résilience …..
    Si , vous avez des envies d’ essayer de faire quelque chose , je suis dans les landes (mont de marsan ) et parfois à Bordeaux , au besoin .
    maybern.wordpress.com
    may.bern2@facebook.com

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    1. Bonjour Virginie,
      Si vous vous sentez épuisée, au bord du gouffre, que vous n’arrivez plus à vous sortir du quotidien à gérer les enfants sans être à bout de nerf, au bout du rouleau, l’un des conseils que je peux vous donner, je pense est d’en parler. Une amie, une sœur, une personne de confiance, son médecin traitant ou tout simplement à un psy. Se rapprocher d’autres mères (association)… Rien n’est jamais trop tard quand on se prend en main.
      Courage ! Et n’hésitez pas à venir donner des nouvelles.

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      1. J ai bien pris l initiative d en parler, mais le regard de mon mari a ce moment là. …. :(
        Il voit pourtant que je ne vais pas bien, mais ni le fait que j ai besoin d’aide.
        Malheureusement seule toute la journée et sans permis de conduire, je ne peux me déplacer comme je le voudrais

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