Ma vie rêvée

On dirait que l’Ours gagnerait bien sa vie et que moi aussi.
On dirait qu’on aurait une jolie maison, avec un petit jardin, juste assez pour mettre une table trois chaises et un bain de soleil.
On dirait qu’à la fin du mois il nous resterait de l’argent et que je tremblerais plus en consultant nos comptes le 20 du mois.
On dirait qu’on pourrait partir en vacances où on veut, genre en Corse, en Laponie, au Portugal ou même à Paris. Et en week-end en Italie.
On dirait que les lunettes Prada, les rares qui me vont, je pourrais les acheter.
On dirait qu’on aurait des légumes qui poussent dans le jardin.
On dirait que notre maison, on serait bien dedans, sans porte qui ferme mal, sans 17° dès qu’il fait pas beau, sans cheminée qui goutte et camions qui passe en bas de chez nous, avec plein de rangement partout.
On dirait que je serais patiente avec ma Zouzou.
On dirait que je suis bien dans mes pompes, heureuse, épanouie.
On dirait que j’aurais plein d’amis, qui me comprennent et me trouve pas chiante.
On dirait que j’aurais un job que j’aime plus que tout, où mes compétences seraient reconnues.
On dirait que le samedi soir, on pourrait se payer une nounou ou faire une super soirée avec nos amis, ambiance barbecue ou fondue.
On dirait qu’on paierait 3 000 euros d’impôts.
On dirait qu’on serait aussi heureux qu’aujourd’hui, les soucis et la peur de l’avenir en moins.
On dirait que je ne suis pas plus matérialiste qu’aujourd’hui mais que je me sentirais à l’abri.
On dirait qu’on a eu raison de quitter Bordeaux, et que notre nouvelle vie est top, au-delà de nos espérances.
On dirait que ma mère ne serait plus un problème.
On dirait qu’on se marierait et qu’on aurait un deuxième enfant.
On dirait qu’on aurait une vie un peu comme tout le monde, version  nous.

Mais on dirait que pour avoir tout ça, il faut que je sois patiente, très patiente.