Maman une semaine sur deux

Quand on se sépare, on ne choisit pas de quitter ses enfants. Si ce n’est une vie qui ne nous convient pas, un couple qui ne marche plus.

Alors tu acceptes de voir tes enfants en alternance, parce qu’ils ont deux parents. Parce qu’il faut un équilibre. Une équité.

Tu acceptes mais tu subis. Alors oui j’ai du temps pour moi, tout relatif vu que je suis indépendante et je continue à gérer des choses même quand ils ne sont pas là, mais à quel prix ?

Au prix de ne pas savoir comment se passe leur semaine, ce qu’ils vivent, leurs bobos, leurs joies, leur journée une semaine sur deux. Au prix de couper le lien de la chair, de respirer une fois sur deux pour eux.

Au prix d’une grande fatigue : quand je les retrouve, je dois tout recommencer, les règles de la maison, retrouver un rythme, reprendre le train en marche de l’école. Imaginez-vous refaire une rentrée chaque semaine ?

N’enviez pas les personnes en garde alternée, vraiment pas. Parce que la semaine où je suis avec eux, que j’aime plus que tout au monde, je suis seule, à tout gérer de A à Z, avec personne sur qui compter. Nuit et jour. Jour et nuit. Pour régler les disputes. Faire les devoirs. Prévoir les rdv. Faire à manger. Prévoir des loisirs. Faire les machines. Et ne pas oublier d’être bienveillante et calme. Et leur donner tout l’amour en stock accumulé quand ils ne sont pas là.

Se séparer isole. Être maman solo une semaine sur deux aussi. Je n’ai aucune vie sociale, et les semaines où je ne les ai pas je rattrape mon retard du travail.

Ne m’enviez pas, parce que je rate plein de choses : un Noël sur deux, leurs anniversaires parfois, et ce qui compte pour eux aussi.

Ne m’enviez pas, parce une semaine sur deux j’ai le cœur serré.

Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, surtout qu’il y a des mamans qui sont solo toute l’année, qui flirtent avec le burn-out 6 mois sur 12 et le découvert qui menacent dès le 15 du mois. Qui se débattent avec un ex violent, toxique. C’est ça la réalité : les mamans solo sont souvent les grandes oubliées de la société. Un papa solo est courageux. Une maman solo, elle a sûrement mérité sa situation, elle n’avait qu’à faire les bons choix dans sa vie.

Alors puisque la société n’est pas là pour pallier ce grand oubli, n’oubliez pas de vous mettre à la place des mamans quand vous avez envie de leur dire « ah c’est bien la garde alternée, tu as du temps pour toi ».

Parce que rien n’est moins sûr.

C’est dans la séparation que l’ambiguïté de l’amour maternel et ses contradictions éclatent. Trop, trop peu, c’est un équilibre à trouver.

 

 

 

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