Retour d’expérience : les bienfaits du portage à long terme

Mon petit bout qui avait un mois et demi, et moi, jeune maman, et mon ventre post-accouchement… 

Mon deuxième enfant, mon tout-petit, va faire 7 ans dans un peu plus de deux petits mois. C’est à peine croyable ! Comment cet être dodu et rose sorti hier de mon corps peut-il être si grand ? Le temps file, croyez-moi, et pas qu’un peu…

J’en ai passé des heures à le porter. En mode maman kangourou H24 – si vous me suivez depuis longtemps, ici ou sur les RS, vous vous en rappelez sûrement ! C’était un choix que j’ai fait alors que j’étais enceinte. Je connaissais les bienfaits du portage, et comme je voulais allaiter, je savais également que c’était une bonne façon de stimuler la lactation (ce que je confirme).

Mais de toute manière, ce petit bébé dodu avait besoin d’être porté. Eh oui, c’est la loterie quand on fait un enfant, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et j’ai apparemment oublié de demander l’option sieste et nuit complètes… puisqu’il ne dormait pas seul en journée et les nuits ressemblaient plus à un quickstep qu’à une valse viennoise. Dès la maternité, à peine je le quittais des yeux, il hurlait. Impossible de me doucher en le laissant seul : il pleurait. Les journées étaient limites plus calmes que les nuits, dès le début et jusqu’à presque 3 ans, c’est pour dire – et là je suis consciente que je donne très envie aux autres d’avoir des enfants… Donc même si le portage allait bercer cette nouvelle maternité, je n’avais néanmoins pas prévu de porter de manière aussi intense.

J’ai commencé par l’écharpe, mais je me suis vite rendu compte que porter bébé en sling allait être un de mes modes de portage de prédilection. C’était un Bulline de Néobulle, et je l’ai aimé d’amour. (Je l’ai toujours, et je ne pense pas m’en séparer.) Il a été rodé, et est devenu doux comme un doudou. J‘ai eu beau essayer des préformés, un mei-taï, rien n’y faisait : mon bébé ne voulait que ce sling. D’ailleurs, à partir du moment où il a su marcher, il allait de lui-même le chercher quand il avait besoin de câlin – et quelle émotion m’étreint en écrivant ces lignes… Quelle nostalgie…

Pourquoi faire cet article alors que je ne porte plus mon enfant depuis bientôt 2 ans ?

(La dernière fois c’était en avril 2017, peu de temps après ma séparation, à l’occasion d’une varicelle. Le porter était la seule chose qui apaisait ses démangeaisons…).
Parce que aujourd’hui, j’ai le recul nécessaire pour dire ce que le portage peut apporter à l’enfant comme à la maman d’ailleurs (ou au papa, mais là je ne peux pas en juger). Je peux vous dire que non, mon enfant n’est pas resté collé à moi depuis. Non ça ne fait pas un enfant capricieux. Ni dépendant – il l’est sur certains points, mais c’est pour d’autres raisons. J’ai vu ce petit bout de bébé greffé à moi prendre son envol à son rythme, progressivement, et le jour où il l’a senti, il est allé vers les autres, tant et si bien qu’il peut être du genre meneur. Cela a pris du temps, jusqu’à son entrée à l’école ou presque il me semble – la fatigue des nuits hachées a rendu flous mes souvenirs malheureusement -, mais il est vraiment tourné vers les autres.

C’est aussi un enfant très empathique et généreux, et qui semble avoir une bonne estime de lui : hier, il m’a dit « je suis fier de moi ».

Quant à moi, le portage m’a permis de me connecter à moi, à m’écouter, à ouvrir mon cœur à mon bébé, à plonger totalement dans ce lien unique qu’il m’était donné de vivre. À tout cet amour que j’avais en moi et que je n’avais pas osé donné à mon premier enfant, par peur de l’étouffer. Le portage m’a aussi permis de ne pas avoir peur de l’amour et du contact physique avec mon enfant.

Alors si vous avez envie de porter votre bébé, allez-y, sans modération, si vous aimez ça, si ça lui plaît, si votre petit bout en a besoin, si cela vous simplifie la vie, une ou 4 heures par jour. Si c’est votre choix, foncez, noyez-vous dans cet amour que vous pouvez apporter à votre enfant au travers du portage.  C’est le plus beau cadeau que vous pourrez lui faire dans la vie : offrir ce cocon réconfortant, immuable, ce lieu sûr qui le construira et qui permettra d’avoir les bases pour pousser et aller vers le monde.
Et c’est aussi un beau cadeau que vous vous offrirez aussi.

Alors oui vous aurez peut-être devoir affronter des réflexions, des proches, de la famille, ou peut-être des ami(e)s, de ceux qui ne voient là qu’un asservissement à l’enfant ou encore un dysfonctionnement maternel. Même si le portage s’est répandu depuis, les gens continuent de juger – je pense que les gens me prenaient pour une folle à l’époque, surtout que je ne dormais pas beaucoup… Restez droit dans vos bottes, soyez confiants et sûrs de vous : écoutez-vous, écoutez votre bébé !

Vraiment, avec le recul, je ne regrette rien, et je peux vous dire que si plus d’enfants étaient portés, s’ils étaient maternés et aimés dès les premiers jours ainsi, pleinement, inconditionnellement, notre société s’en porterait mieux. Le portage a été une des plus belles expériences dans ma vie, même si cela n’a pas toujours été facile, même si le contexte était difficile.

Je garde en moi ces beaux souvenirs, de sa tête au creux de mon épaule, lourde et abandonnée, de sa respiration contre mon ventre, de ses mains qui accrochent le sling ou posée dans mon cou. Sa petite main qui jette des courgettes dans la quiche pour faire à manger – il me demandait toujours de le porter en fin de journée, au moment du repas, et continue aujourd’hui de me regarder cuisiner ou mon chéri, ou de participer. Je garde en moi au moins cette réussite-là en tant que maman.

Et j’espère transmettre cela à mes enfants quand un jour ils seront parents à leur tour, s’ils souhaitent le devenir bien sûr.

Trop d’amour et de câlins, ça n’existe pas.

En revanche, en manquer, ça marque à jamais.

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