Que m’est-il arrivé ?

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Cela ne vous arrive jamais de vous poser pour contempler votre vie ? En ce moment, je la contemple. En la poursuivant semble-t-il. En courant même. Je n’ai le temps de rien. Enfin si : bosser, m’occuper des enfants, tu sais, le tapis roulant. Le train-train quotidien.
Je n’ai même pas le temps d’alimenter mon blog comme je le voudrais. C’est mon espace à moi, de détente, un défouloir, pour dire tout haut ce que je vis tout bas. Pour écrire en gros ce que je vis en moi.  Continuer à lire … « Que m’est-il arrivé ? »

Je crois que je l’aime

Les bons souvenirs qui reviennent.
Faire la paix.
Respirer.
Exister.

Les bons petits plats.
Les barres de chocolat.
Les tortillas.
Les sourires.
Le temps qui passe trop vite.
Pour une fois j’aimerais rester, papoter, lui montrer mes enfants.

Je la comprends.
Moi aussi je suis maman maintenant.
Moi aussi je sais que ce n’est pas facile.
On est imparfaite.
Tant mieux.
Tant pis.

Ce qui est sûr c’est que j’aime mes enfants.
Ce qui est sûr c’est qu’elle nous aime, ses enfants.
Je crois que je l’aime.
Ou que j’apprends à me dire que oui je l’aime,
Que non, elle ne me possède plus,
Qu’aujourd’hui je suis libre,
Libre d’être pleinement ce que je suis
Libre de faire mes choix,
D’exprimer mes envies.
De dire non.
De dire oui,
Si j’ai envie.
Libre de l’aimer
Et d’être pourtant différente.

Je crois que je l’aime et que je serais triste quand elle ne sera plus là.
Je crois que je l’aime et qu’elle a sa place dans ma vie.
Dans celle de mes enfants
Je crois même que c’est une bonne mamie.
Touchante.
Avec ses défauts.
Comme tout être humain.

Je crois qu’après la tempête revient le calme.
Jusqu’à la prochaine tourmente.
Ou pas.

Je crois même que je pourrais passer une après-midi avec elle.
Peut-être.
Sans stresser.
Sans avoir peur.

Petit à petit, renouer
Renouer avec le passé,
Celui qui est doux,
Qui est bon.
Laisser de côté les vieux démons.
Faire comme si ce jour était le dernier.

Et l’aimer.

Mon Zébulon

Mon petit ange. Voilà un mois que tu es là.
Que j’apprends à te connaître.
Que je te découvre, avec gourmandise et parfois avec angoisse.

Tu es un petit ourson glouton qui passe souvent à table, encore plus de nuit que de jour.
Cela va durer toujours ?

Tu aimes dormir… Quand tu parviens à trouver le sommeil… Avec notre aide. Mon aide souvent.
Auras-tu toujours besoin de mes bras, du calme, d’une écharpe de portage, de la chaleur de notre lit, de notre présence ?

Tu détestes être seul : même si tu dors, cela te réveille. Ton moment adoré, c’est quand tu rejoins ton papa et ta grande sœur à la cuisine le matin. Tu leur offres une ribambelle de sourires enjôleurs.
Seras-tu toujours en quête de compagnie ?

À peine un mois que tu es là et déjà tant de place dans la famille.
Tant de questions dont je connais évidemment les réponses…
Plein de douceurs qui parsèment chaque jour ma vie de « maman de deux » J+30 jours et des poussières, telles des trainées d’étoiles qui mèneraient sur le chemin du bonheur…

Un mois déjà… Et c’est comme si tu avais toujours été là.

Tu es déjà habillé en trois mois.
Tu es fasciné par les lumières.
Tu aimes que je te chante une comptine en te berçant pour t’endormir.
Tu pleures juste quand tu as faim ou parce que tu n’arrives pas à t’endormir.

Tes yeux sondent notre âme, ton regard fort, puissant. Ton visage aux mille saveurs, Jean qui rit Jean qui pleure. Tes joues dodues, ton nez retroussé, ta bouche en cœur, à qui ressembles-tu ? À toi à n’en pas douter.

Tu adores ta sœur que tu dévores des yeux à chaque fois qu’elle est dans les parages.
Tu as offert tes premiers sourires à ton papa dans les yeux duquel tu te noies souvent, bouche bée.

Et moi ?
Moi, j’essaie de t’envelopper de tout mon amour de maman fatiguée et parfois énervée, de puiser de la patience au fin fond de mon cœur attendri, de chercher des ressources insoupçonnées pour te porter s’il faut toute la journée, histoire que tu dormes un peu. Ou rester vissée sur le canapé, sans bouger, de peur de te réveiller, prête à me sacrifier.

Mon petit bout qui m’attendrit autant que tu m’exaspères à ne pas pouvoir te poser, le temps de respirer, de jouer avec la grande sœur.

Mon petit loup que j’ai autant envie de croquer que de te dire « laisse moi un peu de liberté pour mieux te retrouver ».

Me perdre un peu, beaucoup, à la folie dans tes yeux, à l’heure où ne blanchit pas encore la campagne, en tête-à-tête, seuls sur terre, tous deux embués par une nuit hachées, dans la demi-obscurité.

J’oscille sans arrêt au gré des journées entre les sentiments ambivalents qui font et défont parfois la maternité. Instinct sacrificiel ou péché de liberté.

Tu m’empêches de m’occuper comme je voudrais de ta grande-sœur. Mais non, tu as juste besoin de moi comme un nourrisson que tu es… Fragile et fort à la fois.

On t’a attendu, désiré. Comme tout rêve il a sa réalité, jonchée de moments de doute désespérés et de félicité inattendue.

Tu fais de moi à nouveau une maman, un peu différente j’espère mais pas complètement, une autre femme aussi. Tu es entré dans ma vie et dans celle de ton père et de ta sœur comme un boulet de canon, détruisant les quelques repères et la petite routine confortable que l’on avait installés pour reconstruire de nouveaux souvenirs et une nouvelle histoire encore plus belle qui s’écrira désormais à 4.

Je t’aime mon Zébulon mignon.

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Lettre à moi-même à lire en 2041

Ce week-end, pour la première fois du reste de la vie de ma Zouzou, on l’a laissée chez ses grands-parents paternels. Juste 24 heures : faut pas charrier hein.
Elle y a passé aussi une nuit. Pour nous, c’est important qu’ils puissent la connaître un peu plus que le temps d’une après-midi et qu’elle puisse lier une relation avec les grands-parents.

Bon, c’est la version officielle.

Officieusement, mon Ours et moi avions aussi besoin d’un peu de temps pour nous, sans contraintes, sans horaires. 3 ans que cela ne nous était pas arrivé !
Une grande première que l’on appréhendait un peu avec l’Ours, mais sans plus.

On l’appréhendait surtout vis-à-vis des grands-parents : on savait que les recommandations seraient entendues d’une seule oreille. Et encore.
Chez les grands-parents, l’enfant est roi, pas de problème, mais pas en dépit du bon sens.
Nous avions trois recommandations importantes :
– pas trop de gourmandises après 17h et pas de bonbons (ou un seul) parce que ça lui donne mal au ventre ;
– rester vigilants sur le sommeil : s’ils prenaient le parti de ne pas lui faire faire de sieste il fallait la coucher tôt le soir ; l’école arrivant, on ne voulait pas qu’elle soit fatiguée ;
– enfin, pas de voiture sans siège auto et sans qu’elle soit correctement attachée.

Sauf que en vrai, quand les petits enfants sont chez les grands-parents, ce sont ces derniers qui font la fête.
Et puis il y a la fameuse excuse des « oh ça va, on a eu x enfants, on sait faire ». (Sous-entendu aussi : « Oh ça va avec vos lubbies de parents d’aujourd’hui ».)
C’est vrai, ils en sont pas morts…

Je ne peux pas faire autrement mais ça me hérisse le poil.
Ils se font plaisir à eux et sapent le travail des parents.
Quitte à y aller de « rohh mais faut pas écouter papa et maman » ou « on est mieux chez mamie » ou « c’est pas comme ça à la maison hein, on en fait des choses chez mamie ».

Cela me hérisse le poil. (Oui, cela fait deux fois que je le dis, va pas croire que je suis poilue pour autant, c’est juste pour appuyer la réaction épidermique.)
Ils ne se rendent pas compte des petits mots qui blessent, des attitudes qui font qu’on ne peut pas leur faire confiance. Pire : qu’on ne se sent pas respectés en tant que parents mais infantilisés.
Des leçons de morale alors qu’eux-mêmes ne les ont pas appliquées.
Alors qu’eux-même ont souffert du jugement de leurs propres parents…

Ainsi, je me suis promis, depuis que je suis mère, que je serais une grand-mère de rêve. Du moins je caresse le doux espoir d’y parvenir.

Donc voici la lettre que je devrais lire quand je serais grand-mère :

Cher toi,

Après avoir brillamment élevé tes enfants (on peut rêver hein), te voici maintenant grand-mère. Ô joie, bonheur, allégresse. A toi le positif, à bas l’éducatif !
Mais ne t’emporte pas. Souviens-toi de la jeune maman que tu as été et des petits mots qui t’ont blessée ou des attentions que tu aurais aimées.
Ainsi tu promets :
– de soutenir tes enfants dans leur travail de parents :
– de les encourager dans leur œuvre (difficile, rappelle-toi) ;
– de ne jamais t’imposer ;
– de ne jamais donner de conseils sans que l’on t’en demande ;
– que de tes enfants tu écouteras les choix ;
– qu’en question tu te remettras ;
– que ton égoïsme de côté tu mettras ;
– que de leur dire qu’ils font mal tu t’abstiendras ;
– que de les juger tu oublieras.
N’oublie pas qu’être parent est difficile mais être grand-parent demande tout autant réflexion. Si l’enfant né fera de ton propre enfant un parent, le chemin est long pour se sentir légitime et sûr de soi. Aide-les dans cette voie.

Signé : la maman que tu étais


Grand-mère sait faire un bon café, elle sait surtout se la boucler.