Pourquoi crie-t-on sur nos enfants quand on est parent ?

 

maman qui crie
C’est une question que je me suis souvent posée. Si je ne tape jamais mes enfants, parce que c’est un choix, cela ne veut pas dire que l’idée ne me traverse pas l’esprit quand je suis bloquée dans une situation que je vis comme un conflit avec mes enfants. Quant aux cris, j’essaie vraiment de ne pas y céder. Essayer oui car je n’y parviens pas toujours avec succès.

Aujourd’hui je sais que, quand cela arrive, c’est que mon réservoir à moi est vide : celui du sommeil, celui des plaisirs, ou celui des câlins. Une énième nuit crevante, trop de travail, des prises de tête, les motifs sont divers… Mais en prendre conscience, c’est un immense pas : cela me permet de me ressaisir plus vite. Mais pas toujours.
La phase suivante, c’est de m’excuser si j’ai crié. En expliquant que ce n’est pas de leur faute, que je ne sais pas comment faire autrement. J’essaie d’utiliser le « je ressens ça quand tu fais/dis ça, quand tu ne me réponds pas ». Avec une Sizans et un Troizans, ce n’est pas toujours simple (n’est-ce pas ? Je vous vois acquiescer derrière votre ordinateur).
Lors de la conférence d’Isabelle Filliozat qui a eu lieu à Tarnos fin janvier, j’ai pu avoir connaissance de nouveaux outils pour ne pas craquer, par exemple quand notre enfant ne veut pas enfiler ses chaussures mais qu’il faut bien partir à l’école (et que le « tu veux mettre quelles chaussures ? les bleues ou les rouges » ne fonctionne pas), où qu’il pique une crise, par exemple quand la journée a été dure à l’école et que le soir, il décompense en évacuant toutes les tensions. Voici ce qu’elle propose de faire :
– souffler un bon coup ;
– aller boire un verre d’eau ;
– aller faire pipi : Isabelle l’a dit « on a toujours le droit d’aller faire pipi » (à double tour bien sûr).
L’idée c’est de stopper les tensions et de se soustraire à la situation avant que les débordements puissent nous pousser à crier (ou pire, à taper).

Ces astuces, je les avais déjà. Et j’ai parfois du mal à les mettre en oeuvre. C’est presque normal : crier c’est une réaction qui n’est pas réfléchie, c’est comme un réflexe. Il y a donc une autre raison au fait de crier, cela a été une révélation pour moi. Basée sur les apports des découvertes de la science sur le cerveau, Filliozat nous a expliqué que quand on crie, c’est en fait une réaction… au stress. L’enfant qui pleure, hurle, tend les bras, ou autre, ne devrait pas générer du stress. Eh bien si, si durant notre enfance la construction des récepteurs d’ocytocine – hormone de l’amour – n’a pas été stimulée par exemple en ayant un lien avec nos parents, quand nous-mêmes nous tendions les bras.

D’après cet article, l’ocytocine va même plus loin :

Chez l’homme, on a mis en évidence un effet de l’ocytocine sur la confiance, l’empathie, la générosité, la sexualité, le lien conjugal et social et la réactivité aux stress. Des études cliniques commencent à tester l’effet bénéfique possible de l’ocytocine dans des cas d’autisme, de phobie sociale et de dépression. (…) L’ocytocine, en plus de son action sur l’allaitement et les contractions utérines, apparaît comme l’hormone de l’attachement, qui établit les liens protecteurs de la mère avec ses petits. Du point de vue phylogénétique, ces liens, en garantissant la sécurité des petits, favorisent la survie de l’espèce. En outre, l’ocytocine joue un rôle dans les liens sociaux et atténue la phobie sociale. Elle interviendrait dans le sentiment d’appartenance à un groupe et dans la confiance entre les éléments du groupe. Hormone de la confiance, elle augmente l’empathie et la générosité.

Du coup, si ces fameux récepteurs sont peu présents, c’est ceux du cortisol qui sont stimulés – hormone du stress – et on se retrouve à crier sur nos enfants, submergés par le stress et guidé par notre impulsivité. Si c’est le cas, on peut s’interroger sur ce que nous-mêmes avons reçu durant notre enfance : nos parents nous câlinaient-ils ? Réagissaient-ils à nos pleurs, à notre détresse ? Avions-nous le droit d’exprimer nos émotions, etc. Si on ne se pose pas la question de qui on est, qu’on ne fait pas le point sur notre histoire, donner ce que nous n’avons pas reçu est compliqué : si nos parents criaient et tapaient, il y a de fortes chances pour que nous fassions de même. Crier, c’est notre manière de réagir au stress, c’est-à-dire par un réflexe archaïque qui nous servait à l’époque à faire face au danger. (Trois comportements sont possibles pour réagir au stress : attaquer, fuir ou s’immobiliser. Crier ou taper peut être perçu comme une façon d’attaquer.)

Bon, à ce moment de la conférence je me suis sentie désespérée d’apprendre cette vérité, libératrice il faut le dire. Mais me voilà bien avancée. Je fais comment donc pour faire autrement ? Filliozat a ensuite expliqué qu’il était possible de construire ces récepteurs d’ocytocine toute la vie. Youpi :) Je ne suis donc pas perdue !

4 réflexions sur « Pourquoi crie-t-on sur nos enfants quand on est parent ? »

  1. Eh oui, ce fichu réservoir affectif joue des tours aux parents aussi :/ Comme tu le dis, c’est bien d’en prendre conscience… Quand je me sens pas en état, ma stratégie est de lâcher du lest : pizza surgelées devant la télé pour tout le monde. En attendant d’avancer le travail plus en amont vers plus de zenitude, bien sûr ! ;-)

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  2. Coucou, je lis souvent tes billets avec plaisir, j’en survole vite fait d’autre et pourtant je ne commente pas toujours.

    Mais là tu met le doigt sur un de mes soucis, je suis soupe au lait (comme je n’aime pas dire :( ) , et à plusieurs reprise quand ma poupette fait des siennes (bon elle est le portrait cracher de son papa, une casse coup, une vraie tête brûler à seulement 18 mois alors que j’étais une timide, réserver, dans ma bulle, tête en l’air…, donc se qui veux dire elle fait des siennes presque tout le temps lol), j’essaie de rester calme, mais y a des moments c’est le cris/pseudo cri, (et je rage intérieurement). Je pensais que c’est moi qui ne savais pas du tout être une mère calme et patiente (bon difficile de l’être avec un papa qui n’aide pas toujours à me laisser calme lol).
    Mais cela se tien avec le comportement de ma mère vis a vis de moi quand j’étais petite, comparé à mon frère ou a ma sœur. Après cela n’est pas que ça (enfin pour moi) peut être, mais je prend les conseil d’Isabelle Filliozat.

    Merci en tout cas pour se billet, ça soulage un peu (bon je déculpabilise pas par contre, dès que je la gronde, je me dit qu’elle est encore trop petite pour tout contrôler :/ )

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    1. Merci pour ton message et pour ton témoignage. Ta petite est encore bébé, toi aussi tu vas grandir en tant que maman en même temps qu’elle ;) tu verras. Quand on prend conscience de certaines choses, on peut évoluer, doucement mais sûrement :) <3

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