Un dernier baiser sur sa joue

Allongée sur ton lit, les yeux clos
Ton corps décharné
Et ta respiration qui emplissait la chambre.

Le soleil dans le ciel
Si bleu
La tempête dans mon coeur.

Je me suis assise à côté de toi.
J’ai caressé ta douce chevelure légère comme un souffle
Ton épaule et ton bras,
Je t’ai déposé un baiser sur ta joue tellement douce
Et regardé une dernière fois.

Ta vie s’en est allée ma mamie.

92 ans ans c’est un bel âge.

Mais certainement pas l’âge de te dire au revoir.

Même si je sais que c’est mieux ainsi
Que tu n’avais plus toute ta tête et que peut-être tu savais que tout ne tournait pas rond.
Si tout a été fait pour que tu ne souffres pas ces derniers jours…
Je ne veux pas que tu partes ma mamie.

Tu as eu une vie bien remplie
De joies, de bonheurs,
D’épreuves, bien nombreuses, aussi.

Tu sais je tiens le coup pour le moment.
Mais tu sais, les gens qu’on aime
On se rend compte de leur importance quand ils partent.

Tu as toujours été là.
Pour moi.
Pour eux.
Pour elle.
Infaillible, égale à toi-même,
Comme un roc, toujours debout.

Tu as été mon phare,
Tu ne m’as jamais tourné le dos ni jugé jamais.
Tu as passé les épreuves de la vie, avec une incroyable solidité.
Comme j’aimerais avoir ta force en ce moment.

Tous mes souvenirs remontent à la surface.
Ta Ricoré.
Tes tartines du goûter.
Ton eau de Cologne.
Le bruit de la porte d’entrée.
Tes sourires.
Tes blagues.
Ton sauté de veau.
Tes frites fabuleuses.
Le son de ta voix.
Mon prénom que tu prononçais…
Tes tabliers.
Ton manteau de laine.
Ton sac à main.
Ces non-dits de pudeur.
Ce temps passé ensemble.
Les fêtes de la Toussaint.
Ta manière de marcher et de te tenir
Comme toujours tu l’as fait dans la vie
Sans courber le dos
Toujours droite face à l’adversité.
Tu as traversé la vie sans te plaindre,
En prenant ce qu’elle t’offrait.

Puis je t’ai vu partir,
Petit à petit,
Je t’ai vu défaillir
Jusqu’à aujourd’hui.

Ce n’est pas une vie
De vivre ainsi…

Mais ce soir en écrivant ces mots,
Je me sens comme une petite fille seule.
En écrivant ces mots
Je laisse enfin perler sur mes joues
Ces larmes que je retiens par tous les moyens
Depuis tant de jours.
De peur que ce ruisseau se transforme en torrent
Que la vague m’abatte en sortant.

Ma fille va te regretter ma mamie
Et mon fils aussi.
Je suis tellement fière que tu les ai connus.
Tellement heureuse que tu ai pu voir la mère que je suis devenue.

Tu sais j’ai cru un instant que tu serais éternelle
Que tu vivrais jusqu’à 107 ans.
Mamie je ne suis pas prête à te dire au revoir
Je vais faire comment sans toi dans ma vie ?

Même si tu étais malade,
Je pouvais encore venir te voir.
Même si c’était dur.

Je suis tellement heureuse d’être venue la dernière fois
De t’avoir donné à manger.
En repartant je regrettais de ne pas habiter plus près pour venir te voir.

Je suis tellement triste de ne pas avoir été plus là.
Plus là ces dernières années.
Idiote que je suis
Je me rends compte aujourd’hui
À quel point tu comptais.

J’aimerais pouvoir t’écrire encore et encore
Pour garder ce lien que j’avais avec toi.
J’espère que tu savais à quel point tu comptais
Que tu m’offrais de la douceur dans ma vie agitée
À quel point tu as été un exemple pour moi
Hors des conventions
De toute soumission
Éprise d’une grande liberté de penser.

Ma mamie
Je ne veux pas qu’on te mette sous terre
Qu’on te laisse là froide et seule
Que tes yeux restent fermés à jamais.

Qu’est-ce qu’on t’a fait ma mamie…

Ta tombe, on va la fleurir jusqu’à déborder
Et on va continuer à t’aimer
Encore quelques années.

Tu sais, tu vas horriblement me manquer.
Repose en paix ma mamie chérie…

12 réflexions sur « Un dernier baiser sur sa joue »

  1. Tres beau texte . Pleins de chaudoudoux d’amour . Je compatis . J’ai perdu ma.grand mère en conte de Leo . Je n’ai pas pu lui annoncer . Je pense encore souvent à elle .

    Pleins d’amour pour toi

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