En liberté conditionnelle

Hier n’était pas un jour comme un autre.
Pour deux raisons.
La première : j’ai été au cinéma avec mon Ours. Si si, t’as bien lu, t’as pas la berlue. Mon père habite près d’un ciné. Il a compris avec sa copine qu’on avait besoin de prendre du temps pour nous  avec mon Ours (et ils étaient surtout aussi contents de s’occuper de Zouzou). Cela m’a tellement fait plaisir d’aller au ciné, que j’en ai presque pleuré… T’y crois ? A moins que c’était un gros coup de nostalgie… Continuer à lire … « En liberté conditionnelle »

Je suis amoureuse de ma fille

Il y a peu, je me suis rendue compte d’une chose, d’une chose aussi belle qu’angoissante : j’aime vraiment ma fille, je veux dire, je l’aime fort, dans mes tripes, dans ma gorge, dans mon cœur. Je l’aime à en crever. Non pas que je l’aimais pas avant, juste que je le ressentais de manière plus pondérée. Là, je me rends compte de certaines choses, comme le fait que dans un mois on commence l’adaptation en crèche et que la prochaine étape ça sera l’école. Et là, je ne profiterais plus pleinement d’elle, enfin seulement 3 jours entiers dans la semaine. Et ça, ça me rend triste.

C’est clair qu’on ne fait pas les enfants pour soi. Je l’ai toujours su et je l’ai toujours dit. Le but : leur donner les clefs pour qu’ils volent de leurs propres ailes. Je mets un point d’honneur à la sociabiliser et ça tombe bien parce qu’elle est avide de connaître les autres. Elle s’intéresse à tout être vivant : gens, fleurs, animaux. Tout !

Jusqu’à présent je ne me suis jamais sentie comme une maman très étouffante : je la laisse grandir avec son indépendance.

Mais depuis qu’elle parle, elle est collée à moi. C’est tout nouveau. Et ça me plaît.

Cela ressemble un peu au sentiment amoureux que l’on a au début d’une relation. Exaltant, dévorant. Je pourrais la bouffer d’amour.

J’ai fait des cauchemars dernièrement : j’ai rêvé que je la laissais à garder et qu’on la perdait. Le chagrin était tel dans mon rêve que j’en étouffais littéralement. La douleur était intense, impossible à supporter.

Clairement : cet amour pour ma fille me faire peur. Car aimer, c’est aussi prendre le risque de perdre, de la perdre. La vie est ainsi faite que l’on ne sait pas de quoi le lendemain est fait.

Je sais qu’il n’y a pas à avoir peur de tout ça : pourquoi un tel drame m’arriverait à moi ? C’est sans doute ce que se disaient mon oncle et ma tante qui ont perdu leur enfant d’une tumeur au cerveau à l’âge de 6 ans. Une perte dont ils ne se sont jamais remis, jamais. Ils sont partis avec leur enfant. Mais ils ont décidé de continuer à (sur)vivre.

Peut-on trop aimer son enfant ? Moi je pense que oui. Quand la vie du parent dépend presque de l’amour que lui porte l’enfant, l’amour se transforme en prison. « Aime-moi ou je meurs ». Je l’ai vécu. Et je ferais en sorte de ne pas faire la même chose.

Être parents soulève vraiment une foultitude d’émotions plus complexes les unes que les autres. Doute, amour donc, colère parfois : que fait-on de tout cela ? Il y a bien des livres qui nous apprennent ce qu’il faut faire et ne pas faire avec nos enfants. Mais qu’en est-il de notre parentalité ? Du fait d’être parent ? De ce que cela suscite chez un être humain ?

Filliozat dans « Au cœur des émotions de l’enfant » effleure la question de « guérir sa propre enfance ».

Et je me disais que ça on en parlait trop peu dans les livres d’éducation sur les enfants. Tellement peu… Cela aiderait les parents en difficulté, comme je les nomme. Il n’y a pas de mauvais parents, il y a seulement des enfants qui ont été mal aimés ou malmenés et qui n’ont pas pu guérir leurs blessures.

Pour moi, le meilleur moyen d’être un bon parent, c’est de faire la paix avec les émotions du passé. Pas facile hein. Mais pas impossible.

Ceci est ma contribution aux Vendredis Intellos de Mme Déjantée.