Le couple à l’épreuve de l’enfant

Il était une fois, un homme et une femme. Leurs regards se croisèrent, et ils tombèrent amoureux.
Après plusieurs années de vie commune, ils décidèrent de donner vie au fruit de leur amour : un enfant.
Durant la grossesse, ils furent heureux.
Puis l’enfant naquit et ce fut le début de la fin.

Lui, prit son congé paternité et s’en retourna travailler.
Elle resta à s’occuper de son bébé.
Elle se leva la nuit, chaque nuit : normal, c’est elle qui allaitait.
Elle se fatigua.
Lui, il n’était plus aussi attentionné qu’avant.
Puis l’enfant grandit, elle continua de s’occuper de tout : ménage, manger, bébé.
Elle eut envie de tout quitter.
Elle, elle n’arrivait plus à être aussi patiente qu’avant.
Pourtant elle en avait eu envie de ce bébé.
Pourtant lui, elle l’aimait.
Les idées noires occupaient maintenant son esprit.

Ils décidèrent de se séparer, avant les 1 an de leur bébé, l’ancien fruit de leur amour.

Triste histoire n’est-ce pas ? C’est celle qu’on ne voit pas dans les livres après « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». D’ailleurs, t’as remarqué le sens de la phrase : ce n’est pas « ils eurent beaucoup d’enfants et furent heureux ».

Parce que Cendrillon et le prince qui divorcent, ça fait un peu désordre.
Pourtant la vie, en vrai, c’est aussi ça.

L’enfant est une véritable arme de destruction massive de couple si tu te relâches du bulbe et que tu ne te prends pas la tête pour sauver garder ton couple.

Et ça va très vite : premières nuits avec un sommeil à temps partiel (STP), fatigue qui s’accumule, hormones en folie…
Le couple a déjà changé.
L’autre ne te regarde déjà plus comme amour. Tu deviens mère.

Puis le temps passe et les seuls échanges qui avant étaient principalement occupés par des « ça va mon mamour adoré à moi que j’aime plus que tout, ta journée s’est bien passée / on va voir quoi au cinoche ce soir ? » se limitent à « tu t’occupes du petit/faut sortir les poubelles/faut que je dorme ». Et là, je suis polie. Combien de nanas se prennent des « t’es fatiguée, putain mais t’as rien foutu de la journée ».

L’enfant, ce n’est pas lui qui œuvre à fragiliser le couple en fait, c’est l’onde de choc qu’il représente. Les parents regardent souvent vers l’enfant ensemble mais une fois couché, une autre vie commence. Et là, les chemins peuvent un peu se séparer. Face à la fatigue, on se met à regarder son propre intérêt, à ne retenir que les incompréhensions, à avoir envie de crier « et la compassion bordel ! ». Au début on en parle, après on fatigue. Il est très facile de ne plus communiquer.

Et on sait ce que fait le manque de communication.

Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie que depuis ma fille est née.
Mais je n’ai jamais été aussi triste de ne pouvoir profiter plus de mon couple. C’était bien quand nous étions deux. Fusionnels. Complices.

Aujourd’hui, c’est la lutte, chaque jour, pour entrevoir l’autre, ce qui fait qu’on l’aime. Pour réinventer un nouvel amour, qui se met entre parenthèse jusqu’à 20h le soir.

Moi, j’vous le dis : le quotidien tue le couple jusqu’à la moelle. Il finit par transformer en raclure de bidet le moindre soupçon de romantisme qu’il pouvait rester après ce grand chamboulement qu’est la venue d’un enfant.

Parler, se regarder, être attentionné(e), trouver du temps pour manger ensemble, se cajoler, se préserver, se toucher, se respecter, se pardonner : voilà ce que fait un couple qui a un enfant s’il veut continuer à vivre, s’aimer encore plus fort.

Pour les autres, c’est la descente aux enfers.

Gustav Klimt, Le baiser, vers 1907.